est en vrac

Le matin d’une soutenance

29 novembre 2013

Le grand oral.
Les secondes tournent.

Le réveil sonne. Ta première pensée ? Putain, ça y est. C’est aujourd’hui. Cette date est donc bien réelle. Je vais donc bien devoir poser tout ce que j’ai sur la table.

Tu vas sous ta douche. Ta salle de brainstorming. Chaque goutte te rappelle tes slides. Putain. Si j’avais oublié un truc ? PIRE ! Si en fait les idées que je trouvais cool pendant ma nuit blanche devant mon PowerPoint étaient au final que nullité et banalité ? Maman. J’ai peur.

Après avoir déversé l’équivalent de 8 parcs aquatiques de Céline Dion pendant ta douche dévastatrice, tu te te décides à sortir. Mon dieu tes cheveux !

C’est le grand moment. COMMENT TU VAS T’HABILLER ? La phrase qui suit sera toujours… DE TOUTE FAÇON TU N’AS RIEN A TE METTRE. Jupe ? Pas trop courte sinon ça fait pouf. Un short noir ? Non. Un slim ? Ah oui c’est bien ça…
En moins de 3 minutes toute l’étagère « couvrir ses jambes » est au sol (façon de parler pour la notion de couvrir tes jambes, ta collection de mini jupes se trouve sur cette étagère…). Tu arrives a te promettre de te remettre au sport. Il le faut groboule !
Et puis l’évidence. Tu trouves. Alors comme Zidane pendant le spot publicitaire français le plus cher de la France, tu t’assois. Jambe gauche. Puis la droite. Et tu commences à rentrer dans ton personnage. Tu deviens ta prez. Chaque doigt devient un slide. Tes jambes deviennent tes petits outils. Ton ventre ? Il est toute ta strat. Si quelqu’un la remet en questions, tu seras donc morte après ce coup. Mais tu vas donner tes tripes grâce à tes arguments qui déchirent et aussi un peu grâce a cette tenue dans laquelle tu es confortablement cachée et qui renvoie tous les codes qu’on attend de toi. Tu seras celle qu’on attend mais en mieux. Tu y crois en déposant ce fond de teint qui cache ces heures de sommeil oubliées dans les bras de ton amant en .ppt. Puis ton eye liner. Ça sera bien quand on va devoir commencer la phase 2 de la soutenance : la battle de regards. Tu seras celle qu’on attend. Ni dominante avec un smoky eye. Ni docile avec juste une touche de mascara. Tu seras plus que ça.
Tes cheveux. Purée. 20 minutes plus tard on pourrait croire qu’ils sont sages mais on le sait que pendant le grand oral ils feront leur révolution. On le sait. Mais ça ne donnera que plus de spontanéité.

L’heure sur ton téléphone te rappelle que tu devrais déjà être dans ton ascenseur. Alors ? Tu cours. Tu cours comme si tu courais après la femme de ta vie. Tu serais capable de tout donner dans cette course.
Tu roules. Tu l’as eu ce putain de RER qui de tout façon est toujours en retard.

Tu ne peux plus t’échapper. Tu repenses à tes 3 grands oraux.

22 ans. Tu es la pour faire partie des 25 qui veulent intégrer ce M2 dont tu rêves depuis que tu es dans cette fac de banlieue. Tu flippes. Tu as encore tes rêves. Tu les expliques. On te dit que c’est impossible mais on aime les gens ambitieux. Bien joué. Tu viens de battre les quelques 400 personnes qui ont déposées leur dossier.

22 ans. Tu dois donner vie à tes 100 pages de mémoire. Une année de réflexion. Putain. Bravo. Tu as 16, toi qu’on ne considérait pas il y a encore quelques années plus tôt. Tu veux appeler ton prof de lettres de 1ère. Mais non. Tu appelles ta maman, ton papa et ta sœur. L’essentiel !

27 ans. Le plus important te semble-t-il. Votre premier appel d’offres remporté. Tu es en équipe, tu es fière des 3 personnes à côté de toi. Tellement fière d’eux.

Et puis aujourd’hui. Tu penses uniquement à tes oraux réussis. La défaite ne doit pas être envisagée. Tu dois gagner. Tu dois te donner comme si ta vie en dépendait.

Ton RER arrive. Tu ne sais plus respirer. Tu ne sais pas marcher. Tu n’es plus toi. La fille de la com t’a pecho. Ton corps est a elle. Tu n’es plus une sœur. Une maman de chat. Une amie. Tu ne sais même plus comment tu t’appelles. Tu as juste peur. Peur de pas être a la hauteur. Alors coupe ce téléphone. Et vas-y.

THE SHOW MUST GO ON !

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