Depuis ce matin, la photo de l’oeuvre Paul McCarthy saccagée fait le tour de l’internet (mondial même !). Depuis ce matin, je suis de très mauvaise humeur.
Le sapin a été dégonflé. http://t.co/aB5rjUGkzn pic.twitter.com/r31lgQhAAQ
— Quentin Périnel (@quentinperinel) 18 Octobre 2014
Je ne sais pas comment on peut arriver à un degré de débilité aussi élevé. Je m’explique.
A mon sens, l’art est quelques chose de subjectif, un peu comme la beauté. Par exemple Gainsbourg est un peu le symbole de la subjectivité de ces deux concept. Il était loin d’être beau pourtant des tas de femmes attestaient le contraire, il était certainement un très bon compositeur mais dès qu’il prenait le micro, sa voix ressemblait à celle de tonton Jacky après 2 paquet de Gitane Maïs et complètement bourré. MAIS ! Gainsbourg est considéré comme un artiste, comme un chanteur.
Une haine de l’art éternelle ?
Tout cela me fait également penser à la construction de la Tour Eiffel. Je m’en souviens, je devais avoir 14/15 ans. C’est en 1987 que les ligne suivantes ont été écrites : « Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forces, de toute notre indignation, au nom du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire français menacés, contre l’érection, en plein cœur de notre capitale, de l’inutile et monstrueuse tour Eiffel, que la malignité publique, souvent empreinte de bon sens et d’esprit de justice, a déjà baptisée du nom de tour de Babel. (…) La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer ? » C’est un extrait de la « Protestation contre la Tour de M. Eiffel ». Elle a été écrite par les esprits les plus brillants de la fin du XIXème siècle. Pour autant, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, nous comptons par exemple 501 152 photos Instagram louant la bôôôté de notre symbole national quelque peu « phallique ». Au moment, où je vous écris, les esprits les plus brillants de notre début de XXième siècle s’insurgent contre l’oeuvre de Paul McCarthy.
J’aimerais revenir sur une partie de l’extrait de la « Protestation contre la Tour de M. Eiffel », sur le fait que nos écrivains et artistes considéraient que la Tour Eiffel déshonorait Paris. Est-ce que ça ne nous rappelle pas quelque chose ? Eh bien oui les gars, 127 ans après, nos esprits sont toujours aussi étriqués (sans mauvais jeu de mots) face à l’art… Nous pensons encore qu’une oeuvre, aussi éphémère soit-elle, puisse déshonorer une ville. C’est apporter très peu de crédit à ses habitants et au restant de son patrimoine…
Un plug anal géant de 24 m de haut vient d’être installé place Vendôme ! Place #Vendome défigurée ! Paris humilié ! pic.twitter.com/vv7fzZWC62
— Printemps Français (@nelachonsrien) 16 Octobre 2014
Dans mon petit coeur, je me demande pourquoi on ne réserve pas la même colère à nos artistes de Street Art. Si on joue au bas d’esprit, leur démarche est la même que notre « sapin(e) ». Ils détériorent la ville… Ils la salissent… Pourtant, là on est à 8 8500 039 photos postées sur Instagram avec #StreetArt. (et entre nous, je trouve le street art très cool donc ne venez pas me clasher sur cet exemple. MERCI !)
A mon sens, il faudrait peut être accepter que l’art n’est pas comme on l’aime systématiquement. L’art dans son sens philosophique désigne aussi bien la technique, le savoir-faire, que la création artistique, la recherche du beau (oh !). Plus tard, Nietzsche définira l’art comme un mouvement plus que comme la recherche d’un idéal de beauté… (oh ! Bis) D’où cette question universelle quand on pense à l’art, « Si la création relève des pulsions, dans quelles conditions peut-elle être l’objet d’une reconnaissance universelle ? Si le sentiment du beau est déterminé par des conventions sociales ? Peut-il avoir une véritable légitimité ? » Notre beau à nous propre ne peut pas s’affranchir d’une universalité. L’art parle à l’être ou ne parle pas.
Alors, aujourd’hui, nous pouvons parler d’une véritable attaque à la création. A l’art. Et sincèrement ça fait fait mal au cul !
6 Commentaires
Comparer ça à la tour Eiffel… hm tu vas loin mon grand !
« Ma grande » c’est écrit partout sur ce blog que je suis une Fille. Et puis je compare pas l’œuvre à la Tour Eiffel, je compare la démarche intellectuelle qui accompagne cette œuvre… Dis donc… Faut être attentif un peu…
Tu as raison de noter cela (ma grande <3)
En plus, à côté d’un obélisque ça faisait sens.
L’exemple de la Tour Eiffel est bien trouvé, bien vu.
Dans la lignée des oeuvres incomprises on pourrait aussi citer Baudelaire condamné pour outrage aux bonnes mœurs pour avoir publié Les Fleurs du Mal. Depuis l’erreur est réparée et l’oeuvre est enseignée dans les écoles, mais malheureusement postérieurement à la mort de son auteur.
Bref, il y aura toujours des cons pour protester contre toute forme d’art. Chacun est pourtant libre d’avoir ses goûts, mais détruire l’oeuvre d’autrui c’est empièter sur la liberté des autres et ça mérite sanction.
Je suis complètement d’accord fatalement…