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Alors, Gaspard Ulliel en YSL ?

2 octobre 2014

Dans la salle, il y avait 12 lampes au plafond, 4 enceintes de chaque côté, 10 rangées de sièges. Le biopic d’Yves Saint Laurent de cet automne était si bouleversant que j’ai eu le temps de compter et de vérifier. Trois fois.

Je vais pas tourner autour du pot pourri, j’ai perdu 2h30 de ma vie. Bertrand Bonello nous réalise un conte toxique. Un film sur la prévention des dangers de la drogue n’aurait pas été plus juste dans le portait excessif des méfaits de ce genre de produits.

Bon, on retrouve qui au casting ? Gaspard Ulliel en YSL qui même s’il est parfois très cliché dans son jeu, on peut lui reconnaître le mérite d’être juste dans sa voix au moins. Il y a également Jérémie Renier qui incarne Pierre Bergé. Comme je veux vraiment partager mes pensées avec vous, je vais m’arrêter sur le cas Jérémie Renier. Avec la coupe et les vêtements, je m’attendais à ce qu’il nous chante un Magnolia Forever à tout instant. Ne pensez pas que je suis de mauvaise foi, j’aurais pu le demander en mariage après la Confrérie des Larmes donc là, c’est vraiment moyen.

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Il y a aussi Léa Seydoux, qui est excellente dans le film en se faisant oublier en tant que Léa Seydoux. Elle est femme et mystérieuse mais sans trop en faire dans son rôle de Loulou de la Falaise. Elle en est parfois belle… Pourtant dieu sait que je ne suis pas fan de la petite Léa mais là, j’adhère complètement à son univers et à ce qu’elle dégage.

Je voudrais faire un rapide point sur Louis Garrel en Jacques de Bascher qui était quand même un peu beaucoup sexy. (oui, malgré la moustache)

LouisGarrel

Pour revenir au film dans son ensemble, je le trouve simplement mauvais. Le scénariste devait être parti en vacances avec le monteur. Rien n’était fluide. Même la post-synchro sur Yves Saint Laurent vieux est ratée. Pour que la célèbre voix du couturier ne nous quitte pas, nous spectateur, Gaspard Uliel a doublé Helmut Berger qui incarnait donc Yves à la fin de sa vie. C’était quand même assez étonnant cet écart de 4/5 images avec la voix et puis bon la qualité du doublage… Un loupé de plus, un loupé de moins…

De manière générale, quand je regarde un biopic, je me demande ce que ça peut apprendre et à qui ça s’adresse. Là clairement, si tu ne connais pas parfaitement la vie d’Yves Saint Laurent, il est très difficile de comprendre le film. Donc, ce long métrage s’adresse en théorie à des « fans ». Un fan peut tirer plaisir de voir son idole défoncée (dans tous les sens du terme) pendant 2h30 ? J’en doute. Je ne suis pas contre que les films biographiques qui retracent les aspects sombres de nos personnalités préférées mais néanmoins j’adhère pas du tout au parti pris de se focaliser uniquement sur le vice.

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YSL a été un mec shooté toute sa vie. Soit. Mais il n’était pas uniquement ça et Dieu merci pour la mode. Il a été un précurseur, un génie et on connait la folie qui va souvent de pair avec ce génie. Vers la fin du film, au moment d’un des épisodes les plus sombres de la vie du couturier, Bertrand Bonello nous propose une petite réunion de rédac chez Libé. (Notons qu’auparavant la notion de presse n’apparaît jamais dans le film !) Cette scène raconte quoi ? 4 journalistes/rédac chef se lancent dans l’écriture de la nécrologie d’Yves Saint Laurent puisque de grosses rumeurs circulent sur la mort du créateur. Et bien figurez vous que cette scène est l’unique moment du film où d’autres gens que le couturier lui-même expliquent ce qu’YSL a apporté à la mode et surtout à la femme ! Évidemment, la séquence se termine sur les excès du prétendu-mort.

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Si j’analyse ce film à travers le spectre de mon petit nombril, il est flippant quand même (pas mon nombril mais le film !). ATTENTION JE SAIS QUE JE N’AI PAS UN 1/1000000ème du talent d’Yves Saint Laurent, mais si par le plus grand des hasards ma vie était portée à l’écran, je n’aimerais pas qu’on se focalise sur les instants les plus sombres de ma vie. Je sais que j’ai eu des passages où la ligne a été franchie et où clairement je n’étais qu’un être pathétique. Autant que faire ce peu, j’aimerais que mon existence sur grand écran ne se résume pas à ça mais qu’on pense à mettre en boîte ces moments où j’ai dit « je t’aime » en étant clean.

En plus de l’approche du film que je n’ai pas aimée, la façon de tourner m’a également saoulée. Un exemple flagrant, une scène dans un bar où nous avons aucun dialogue. AUCUN. Les gens dansent (en étant complètement ivres et stone). Ca d’or être la 20ème scène identiques dans l’esprit. Bim. De plans très serrés, on passe à des plans plus larges, presque de la foule du bar. On peut estimer que chaque écran représente un tiers de la salle de danse Louis Garrel, les danseurs bourrés, Gaspard Ulliel. Et là nous assistons à 8 travellings latéraux de la salle. Là encore, il ne se passe absolument rien. Sauf sur la fin des 7ème et du 8ème passage de la caméra,  les deux futurs amants maudits croiseront enfin leurs regards. Autant vous dire que cette scène est longue à crever. J’imagine que le prix de la location de cette salle a du être astronomique et du coup ils ont voulu blinder la présence à l’écran pour l’optimiser. SHIT !
Malheureusement, ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, ce qui rend ce film long… mais long ! (Et au cinéma, l’expression « plus c’est long, plus c’est bon », ne fonctionne pas) Globalement, ce film se construit comme une juxtaposition de scènes sans intérêt où il ne se passe rien et il n’y a aucun lien entre elles. C’est assez gênant.

Quand je lis que le Nouvel Obs ose titrer « Saint Laurent » avec Gaspard Ulliel : le portrait fin et sulfureux d’un génie » j’ai envie de m’arracher un bras et me l’enfoncer dans les yeux pour ne plus jamais lire ça. Mais purée, en quoi il est fin ce film ? EN QUOI ? L’image est grossière. Le scénario est pas travaillé. La narration est pourrie. Rien n’est fin ! Si Pierre Bergé n’a pas « validé » ce long métrage c’est pas uniquement parce que la vie d’Yves Saint Laurent est simplement salie mais parce que ce film est mauvais.

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Je pourrais tout de même lui faire un compliment, le chien. Il était tellement mignon et bien dressé ! C’est le seul moment où je me suis déshabillée de mon ennui. La scène dure 65 secondes. Le film 150 minutes.

Enfin, je voudrais préciser si ce n’est pas trop tard, que cette critique n’est même pas réalisée dans le spectre du précédent biopic réalisé par Jalil Lespert et dont le binôme principal était composé de Pierre Niney et Guillaume Gallienne était magique. On assiste à 2 films très différents donc on se sépare de la précédente version assez tôt dans le film.

Je ne vous conseille définitivement pas ce film sauf si vous voulez dépenser 10€ et perdre 2h30 de votre vie pour voir Louis Garrel se mordiller la lèvre de manière très sexy.

Enfin, cher Bertrand Bonello, sortir un film qui démonte Yves Saint Laurent en pleine Fashion Week, c’est pas un truc de con ?

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1 Commentaire

  • Répondre Yves Saint Laurent 1971, retour sur la collection du scandale – La Fille de La Com 3 juin 2015 à 8 h 54 min

    […] sur lui m’ont déçue, surtout celui de Bertrand Bonello et j’en avais d’ailleurs parlé par ici… Malgré l’overdose de communication sur Yves Saint Laurent, je crois que j’en ai jamais […]

  • Répondre à Yves Saint Laurent 1971, retour sur la collection du scandale – La Fille de La Com Annuler la réponse